Je regrette ma vie d’avant la maternité
Alors que votre enfant vient de rejeter le lait tout juste avalé sur votre nouveau chemisier en soie, vous avez pensé « Je regrette ma vie d’avant la maternité ». Depuis, vous culpabilisez, vous avez l’impression d’être une mauvaise mère. Après tout, toutes vos amies ont l’air d’être si épanouies dans la maternité. Ensemble, normalisons le sentiment de regret de votre ancienne vie.

Normaliser le regret de votre vie d’avant la maternité
Tout d’abord, ce que vous ressentez est normal, humain. Votre vie a été chamboulée presque du jour au lendemain. Vous avez dû remplir un nouveau rôle, changer votre quotidien du tout au tout, voir votre couple évoluer. Vous avez beau aimer votre enfant plus que tout, c’est naturel d’avoir besoin de faire le deuil de votre ancienne vie. Alors que votre quotidien était bien huilé, l’arrivée de votre enfant vous plonge en dehors de votre zone de confort. Vous devez recréer une nouvelle routine, prendre le temps d’être à l’aise dans votre nouvelle vie.
Surtout, vous avez grandi avec le mythe de la mère sacrificielle. Depuis notre enfance, la société nous prépare à devenir mère. On nous apprend que c’est la grande aventure de notre vie. En tant que femme, on nous laisse croire que c’est notre objectif ultime, celui qui réparera tout ce qui a pu être brisé en nous avant. On nous laisse penser que nous sommes faites pour devenir mère. Qu’une fois notre enfant né, nous serons comblées, prêtes à faire passer les besoins de notre bébé avant tout. Avant les nôtres. On nous dit que la maternité nous suffira. Que rien d’autre ne comptera.
Avant d’être mère, vous restez vous. Vous êtes un être humain, dans toute sa beauté et sa complexité. Avec vos qualités et défauts. Avec vos forces et vos failles. Vous existez. En tant que mère, mais pas que.
Découvrir un nouveau soi avec la matrescence
L’anthropologue Dana Raphaël compare la matrescence à l’adolescence : c’est une période de transition, voire de crise identitaire. Le corps de la mère est transformé. Elle vient de donner la vie. Elle doit apprendre à s’occuper de ce nouvel être humain, combler ses besoins. Mais elle doit aussi découvrir cette nouvelle version d’elle-même. Ses envies sont parfois changées, ses croyances évoluent. Sauf qu’on ne lui laisse pas ce temps.
Une fois le bébé né, toute l’attention des parents, de l’entourage, voire du corps médical (bien que les mentalités évoluent) est tourné vers cet enfant. On oublie que la naissance d’un enfant, c’est aussi la naissance d’une mère.
Alors, essayez de rencontrer ce nouveau-vous. Si possible, réservez-vous un créneau, chaque semaine, pour vous consacrer un moment. Faites une activité qui vous détend : du sport, de la lecture, une randonnée, un Spa. Allez à la rencontre de vos émotions et de vous-même en méditant, écrivant ou encore en peignant. Choisissez ce qui vous fait du bien.
Faire la paix avec l’ambivalence
Avez-vous déjà entendu parler de l’ambivalence maternelle ? L’ambivalence, c’est ressentir deux sentiments opposés face à un seul et même sujet. En l’occurrence, votre enfant. Par exemple, vous le regardez, vous débordez d’amour, vous voulez le mettre dans un cocon pour le protéger tout au long de sa vie. Au même moment, vous ressentez une profonde angoisse face à la dépendance de ce petit être humain. Vous trouvez ça trop lourd à porter. Trop étouffant. Vous avez envie de fuir. Vous regrettez votre ancienne vie, plus simple. Cerise sur le gâteau : vous culpabilisez maintenant face à vos pensées.
Or, encore une fois, ce que vous ressentez est tout à fait normal. Gardez en mémoire que si vous ressentez cette ambivalence, c’est d’abord parce que vous ressentez énormément d’amour pour votre enfant. Pas d’ambivalence, sans attachement.
Vous avez le droit de regretter votre vie d’avant votre maternité. C’est un sentiment humain. En plus de faire la rencontre de votre nouveau-né, vous devez aussi apprendre à vous connaître dans la matrescence. N’hésitez pas à en parler avec une personne de confiance de votre entourage. Ça n’a pas à être un tabou. Vous verrez que de nombreuses mères autour de vous ont ressenti la même chose. Si vous ne vous sentez pas prête à partager sur ce sujet, je vous recommande également le livre d’Orna Donath, Le regret d’être mère.
Enfin, pour vous aider à traverser cette période riche en émotions, je vous propose un accompagnement post-partum. Vous découvrirez, entre autres, comment faire la paix avec ces sentiments.